Si la définition de la neutralité carbone est à peu près partagée, le chemin pour l’atteindre reste encore flou, voire totalement inconnu, pour la plupart des décideurs et des citoyens. Face à l’urgence climatique, les changements à opérer sont d’une telle ampleur qu’il est pourtant indispensable d’accélérer les débats sur les choix de société à conduire.
C'est pourquoi l’ADEME a souhaité soumettre au débat quatre chemins « types », cohérents et contrastés pour conduire la France vers la neutralité carbone.
Cet exercice de prospective inédit repose sur deux ans de travaux d’élaboration, la mobilisation d’une centaine de collaborateurs de l’ADEME et des échanges réguliers avec un comité scientifique et des partenaires et prestataires extérieurs, spécialistes des différents domaines.
Imaginés pour la France métropolitaine, ils reposent sur les mêmes données macroéconomiques démographiques et d’évolution climatique (+2,1 °C en 2100). Ils aboutissent tous à la neutralité carbone du pays, mais empruntent des voies distinctes et correspondent à des choix de société différents.
Des transformations importantes dans les façons de se déplacer, de se chauffer, de s’alimenter, d'acheter et d'utiliser des équipements, permettent d'atteindre la neutralité carbone sans impliquer de technologies de captage et stockage de carbone, non éprouvées et incertaines à grande échelle.
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La société se transforme dans le cadre d’une gouvernance partagée et de coopérations territoriales. Organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile trouvent des voies de coopération pragmatique qui permettent de maintenir la cohésion sociale.
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C’est le développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux plutôt que les changements de comportements vers plus de sobriété.
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Les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés. Mais le foisonnement de biens consomme beaucoup d’énergie et de matières avec des impacts potentiellement forts sur l’environnement.
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Les quatre voies présentées, chacune dotée de sa propre cohérence, permettent à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais toutes sont difficiles et nécessitent une planification orchestrée des transformations, associant État, territoires, acteurs économiques et citoyens.
Atteindre la neutralité repose sur des paris forts, aussi bien sur le plan humain (changements de comportements) que technologique (puits de carbone en particulier). Tous les scénarios comportent donc une part de risque. Mais tous n’entraînent pas les mêmes conséquences environnementales, sociales et économiques.
Pour tous les scénarios, il est impératif d’agir rapidement : les transformations socio-techniques à mener sont d’une telle ampleur qu’elles mettront du temps à produire leurs effets. Il faut entreprendre dès cette décennie la planification et la transformation profonde des modes de consommation, de l’aménagement du territoire, des technologies et des investissements productifs.
La réduction de la demande en énergie, elle-même liée à la demande de biens et de services, est le facteur clé pour atteindre la neutralité carbone. Cette réduction peut aller de 23% à 55 % par rapport à 2015 suivant les scénarios, chacun reposant sur un équilibre différent entre sobriété et efficacité énergétique.
L’industrie va devoir se transformer non seulement pour s’adapter à une demande en profonde mutation mais également pour décarboner sa production. Cela nécessitera des plans d’investissements de grande ampleur et un effort de l’ensemble de la société pour accompagner les territoires en mutation et former les salariés aux nouveaux métiers.
Le vivant est l’un des atouts principaux de cette transition, permettant de combiner trois leviers stratégiques : le stockage de carbone, la production de biomasse et la réduction des gaz à effet de serre. Il est donc indispensable de maintenir un équilibre entre les usages alimentaires et énergétiques de la biomasse avec la préservation des fonctions écologiques, comme la biodiversité et le stockage de carbone, grâce à une approche globale de la bioéconomie.
L’adaptation des forêts et de l’agriculture devient donc absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique. La résilience des écosystèmes est d’autant plus cruciale qu’ils en subissent de plus en plus fortement les impacts.
La pression sur les ressources naturelles varie considérablement d’un scénario à l’autre. C’est particulièrement le cas pour l’eau d’irrigation ou les matériaux de construction, dont les volumes consommés varient d’un facteur 2 entre certains scénarios.
Dans tous les scénarios, en 2050 l’approvisionnement énergétique repose à plus de 70% sur les énergies renouvelables et l’électricité est le principal vecteur énergétique. Pour autant, cela ne peut en aucun cas légitimer le gaspillage d’énergies, afin de limiter la pression sur les ressources.
Sobriété, puits de carbone, régime alimentaire, économie du bâtiment, modèle industriel : quels que soient les choix de société, ces 5 problématiques devront faire l’objet de débats structurants.
Pour chaque scénario, l’ADEME a construit un récit cohérent, décliné dans chaque secteur économique et social, au travers de variables structurantes. La description des scénarios couvre les secteurs du bâtiment, des mobilités de voyageurs et du transport de marchandises, de l’alimentation, de l’agriculture, des forêts, de l’industrie, des déchets et des services énergétiques (fossiles, bioénergies, gaz, hydrogène, chaleur et électricité).
Les paramètres étudiés couvrent notamment : la demande en énergies ; la consommation d’eau d’irrigation, de matériaux de construction, d’intrants agricoles et l’usage des sols ; la production et la gestion de déchets ; la production d’énergies et la composition du bouqueténergétique ; les importations et exportations ; le bilan des gaz à effet de serre et les puits biologiques et technologiques de CO2.
Le 30 novembre 2021, Arnaud Leroy, Président-Directeur général de l’ADEME, Valérie Quiniou, Directrice Exécutive Prospective & Recherche, et David Marchal, Directeur Exécutif Adjoint Expertises et programmes, présentaient le rapport et débattaient de ses principaux enseignements. Retrouvez ces échanges sur YouTube ainsi que les slides de présentation ici.
Découvrez les webinaires sectoriels de présentation des hypothèses et résultats sectoriels des 4 scénarios (février 2022)
Découvrez le replay du décryptage presse du 24/02/22 sur le mix électrique et les matériaux de la transition énergétique
En quoi un futur neutre en carbone va-t-il concrètement bousculer nos modes de vie ?
Projetez-vous en 2050 via quatre reportages fictifs inspirés des scénarios Transition(s) 2050, et découvrez à quoi ces environnements ressembleraient. Un récit accessible à tous, original, drôle et inspirant, qui pousse à la réflexion quant aux impacts du changement climatique et au(x) chemin(s) que nous pouvons emprunter.
Commencez par faire le test pour savoir quel scénario vous sied le mieux, et terminez par un lexique instructif s’il vous reste des choses à apprendre ! Bonne lecture.
Sur la base des 4 scénarios, le podcast « Demain c’est pas loin » met
en lumière les enjeux
et défis auxquels nous faisons face aujourd’hui et permet d’aller encore plus loin dans nos
projections et questionnements.
Entre mini-fiction et débat animé par la journaliste
Natacha Triou, chaque épisode décrypte
un des quatre scénarios et met en lumière les choix de société qu’il implique. Un voyage
dans le temps suivi d’une discussion passionnante pour imaginer à quoi pourrait ressembler
notre vie en 2050.
Avec la participation de Céline Guivarch, Dominique Méda, Chloé
Charles et Sarah Lamaison.
Disponible sur toutes les plateformes d’écoute.
Ce travail n’est que la première partie d’une série de feuilletons qui seront publiés courant 2022.
Les sujets de ces feuilletons sont les suivants :
Le Grand Défi Écologique organisé par l’ADEME fin mars 2022 à Angers, a réuni professionnels et grand public autours d’ateliers, d’expositions, de conférences, etc. autour de la prospective, fil rouge de l’événement.
Le 30 mars au soir s’est déroulé le Tribunal pour les Générations Futures, en partenariat
avec Usbek & Rica. Ce format d'événement original, qui reprend les codes de la
conférence et la scénographie d'un
procès, avait pour objectif de faire saisir tous les enjeux d'une grande problématique
d'avenir, la
sobriété : « Vouloir moins est-il durable ? ».
Découvrir le compte-rendu illustré de cette soirée exceptionnelle.